Rêverie hivernale

Dans la transparence d’un soleil blanc, un calice de neige aurifère les bleus sur les ailes du matin. Je suis là sous le manteau, écharpée de rêves, ramure immobile en clairière du silence. La beauté cristallise le temps et souffle dans un murmure fragile la délicatesse éphémère d’un papillon de givre.

Sandra Dulier, Plume Funambule

Un trou blanc

Un trou blanc…

Quand la mémoire s’efface et gomme les traces des souvenirs, c’est un peu de soi quittant le jour pour rejoindre la clarté d’un monde parallèle. Je ne peux imaginer que ces petits bouts de moi disparaissent à jamais.

Pas de Nulle part, mais un Ailleurs.

Et ces petites fugues d’heures, je les retrouverai comme un panier déposé sur le bord d’un pique-nique. Je n’aurai alors qu’à picorer les mets d’une vie.

Un trou blanc n’est qu’une attente.


 

Sandra Dulier, Plume Funambule

Belles fêtes à tous

livre-noel
Crédit photo : Dreamstine

 

Un sapin de lumière
doucement éclaire
le visage souriant
d’un repas d’amitié.

Un homme triste
picore sur la table
quelque mets solitaire
près d’une photo
des jours heureux.

Une femme rejoint
le gîte et le couvert
d’une association
où les bénévoles
s’activent à la joie.

Un enfant rêve
au cœur du salon
à la magie d’un prochain
matin cadeaux.

Un malade reçoit
le soin simple et doux
d’une infirmière de garde
qui offrira cette nuit
son temps au réconfort.

24e jour ordinaire de décembre,
quelque part sur Terre.


Sandra Dulier, plume funambule
24.12.2016

Germinantes gestations

L’hiver est grenier des éclosions du printemps, berceau bulbeux de nos sphères de renaissance. C’est un temps de repos ; fragrance des futurs enfantements. L’hiver est froidure comme soleil blanc, ni chaud ni ombre, intense quand il nous écharpe un bout de ciel. L’hiver est un temps de poète dans la qualité des silences quand la nature scintille, floconnée en collines. L’hiver est ce rapprochement d’oiseaux au coeur de nos jardins, soudain ailés de mille appétits. Il luge nos souvenirs, nostalgie d’autres joies pentues. Les albums d’été et les catologues de jardinage compulsent nos rêves de leurs semailles. J’ai envie de vivre cet hiver comme la plus belle des parades.


Sandra Dulier, Plume Funambule

Il était un jour de pluie

Il était un jour de pluie, plus gris qu’un reflet de lune sur la glace de l’ennui quand l’âme ruisselle de chagrin sous le manteau d’un regret.

Son regret ? Un simple morceau de candeur perdu en miettes de coeur, parvis des ombres nues de solitude. Impossible d’oublier, d’effacer, d’amnésier. Et pourtant ! Il y avait eu tant d’oublis et d’écharpes de brume. Oui, mais pas ce visage-là ! Lui s’imprégnait, instant d’univers, éclat et empreinte tenaces, débris d’étoile. Rien ne servait de balayer : ces poussières-là sont bien trop volatiles…

Pourquoi lui ? Elle l’ignorait. Non, c’eût été mentir… Elle savait les dialogues et les silences que leurs deux regards avaient écoutés et le vertige de ces apprivoisements-là. Elle savait et lui aussi.

Parfois on aimerait remonter la roue du temps pour retrouver, dans l’aube d’un sourire, la foi en soi, mais c’est oublier que l’essence même d’un amour est un cercle lent jusqu’aux tréfonds de nos possibles. Les âmes rêveuses se perdent souvent les jours de pluie dans la valse lente des chutes d’automne, mais elles scintillent par leurs capacités à ressourcer en clairs printemps ce qui déboussola leurs saisons de vie.

Tout regret finit par mourir dans l’hiver des indifférences ; chaque être peut fleurir en un nouvel amour… Elle connut cette rencontre-là et les saisons qui suivirent furent pluies fines de joie.


Sandra Dulier, Plume Funambule