Il était un jour de pluie

Il était un jour de pluie, plus gris qu’un reflet de lune sur la glace de l’ennui quand l’âme ruisselle de chagrin sous le manteau d’un regret.

Son regret ? Un simple morceau de candeur perdu en miettes de coeur, parvis des ombres nues de solitude. Impossible d’oublier, d’effacer, d’amnésier. Et pourtant ! Il y avait eu tant d’oublis et d’écharpes de brume. Oui, mais pas ce visage-là ! Lui s’imprégnait, instant d’univers, éclat et empreinte tenaces, débris d’étoile. Rien ne servait de balayer : ces poussières-là sont bien trop volatiles…

Pourquoi lui ? Elle l’ignorait. Non, c’eût été mentir… Elle savait les dialogues et les silences que leurs deux regards avaient écoutés et le vertige de ces apprivoisements-là. Elle savait et lui aussi.

Parfois on aimerait remonter la roue du temps pour retrouver, dans l’aube d’un sourire, la foi en soi, mais c’est oublier que l’essence même d’un amour est un cercle lent jusqu’aux tréfonds de nos possibles. Les âmes rêveuses se perdent souvent les jours de pluie dans la valse lente des chutes d’automne, mais elles scintillent par leurs capacités à ressourcer en clairs printemps ce qui déboussola leurs saisons de vie.

Tout regret finit par mourir dans l’hiver des indifférences ; chaque être peut fleurir en un nouvel amour… Elle connut cette rencontre-là et les saisons qui suivirent furent pluies fines de joie.


Sandra Dulier, Plume Funambule

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